Profil d’Emmanuel «Toto» Constant


Constant en Haïti

Emmanuel «Toto» Constant était fondateur et secrétaire général d’une organisation paramilitaire connue sous le sigle FRAPH (le Front Révolutionnaire Armé pour le Progrès d’Haïti).

Son père était lui-même un commandant de l’armée sous l’ancien dictateur haïtien François «Papa Doc» Duvalier. Toto Constant utilisait les célèbres Tonton Macoutes—des unités paramilitaires au service de Duvalier—comme un modèle pour la formation du FRAPH. En 1993 et 1994, le FRAPH a œuvré de concert avec les Forces armées d’Haïti (FADH) dans leur campagne de terreur et de répression contre la population civile d’Haïti. Le FRAPH a reçu des armes et la formation des FADH, qui dirigeaient le gouvernement à cette époque. Le FRAPH fut utilisé par les militaires pour exercer le contrôle de la population.

Avec le soutien financier et logistique des FADH et de certains civils haïtiens, le FRAPH a perpétré de nombreuses violations des droits de l’homme dont leur spécialité était la violence sexuelle contre les femmes.  La plupart des crimes de FRAPH furent commis dans les quartiers les plus pauvres, car c’était là où se concentrait la base de support d’Aristide. En déclarant ouvertement qu’il était à la tête d’un mouvement néo duvaliériste sous la bannière du FRAPH, Constant a cherché à créer une façade politique pour ses activités violentes.

Son exil aux États-Unis

Après l’intervention des États-Unis en 1994, ce qui a réussi à faire tomber le régime militaire,  Constant a fui la justice en Haïti et s’est réfugié aux É.-U.  
L’année suivante, Constant a finalement été arrêté par les autorités états-uniennes qui ont émi une ordonnance pour son expulsion.

Les États-Unis étaient bien conscients de la connexion de Constant aux violations flagrantes des droits de l’homme en Haïti. Au cours de l’intervention américaine en 1994, des militaires américains ont découvert des photographies de victimes qui ont été mutilées par le FRAPH. Ces photos ont été accrochées comme des trophées au mur de son bureau à Port-au-Prince. Néanmoins, Constant a été mystérieusement libéré en vertu d’un accord fait avec le gouvernement états-unien, après qu’il avait fait une apparition sur le télé journal «60 Minutes» où il avait admis d’être un agent payé par la CIA. Il a même menacé de divulguer des secrets sur des opérations clandestines des États-Unis en Haïti.

Quelque temps après, les services d’immigration états-uniennes aurait reçu une information disant que Constant faisait face à des menaces de mort en Haïti. Dans un rare départ de la procédure normale, Constant fut libéré et relâché dans la population civile au lieu d’être placé en détention, ce qui est le sort habituel d’un immigrant détenu accusé de meurtre et de terrorisme, qui ne peut pas être rapatrié en raison de la probabilité d’une menace.

De haut responsable à condamné

En profitant de sa libertie, Constant est devenu agent immobilier dans le Queens à NY, où il vivait librement au sein d’une communauté d’immigrants haïtiens – la même population qu’il avait jadis terrorisée. Puis, en 2004, le CJA et nos partenaires ont déposé une poursuite civile de droits de l’homme contre Constant. En 2006, nous avons obtenu un jugement de $ 19 millions de dommages et intérêts. Deux ans plus tard, Constant se retrouve de nouveau devant la justice dans un tribunal américain criminel. Le 28 Octobre 2008, il fut condamné à une peine de 12 à 37 ans en prison pour son rôle dans un complot de fraude hypothécaire à New York.

» Un résumé complet de l’intervention du CJA dans l’affaire de fraude hypothécaire est disponible ici. (En anglais seulement)